Articles publiés | Offshore n°12
Economie des dissimulations
Zahah hadid connait actuellement une forme de consécration internationale. Nombreux de ses projets vont se réaliser ou viennent d’ouvrir au public. Cet avènement médiatique contraste avec ses vingt dernières années pendant lesquelles l’architecte irakienne a acquis une légitimité dans le cercle de la critique architecturale : son engagement intellectuel s’est cristallisé dans de nombreux concours internationaux tandis que l’aura de son œuvre augmentera par la radicalité de ses rares réalisations qui sont autant de fois de véritables manifestes de ses investissements théoriques.
Dans le réseau mondial où s’organisent les forces capitalistes, tout se forme et fonctionne de manière synchrone. Ce postulat de Deleuze et Guattari définit le fonctionnalisme pur. Ce régime de fonctionnement régente la progression du capitalisme qui s’accomplit souvent en rupture avec une idée de progrès. Ce type d’énoncé moral qui sert à valider des choix politique se trouve confronté dans la réalité à des dysfonctionnements des forces capitalistes dont les formes urbaines actuelles en sont les accomplissements très sensibles. Les territoires urbains se forment asymétriquement, entre intention collective et fonctionnement capitaliste. Les forces politiques doivent adapter de nouvelles stratégies d’interversions en utilisant très souvent un discours performatif : les énoncés qui décrivent une action doivent dès leurs énonciations s’accomplir. Les promesses devront se tenir ; toute la finesse de la communication est bien de les délimiter pour les rendre facilement lisibles. Cette tendance discursive régénère la modernité, elle en est sa condition post-moderne : il s’agit de penser utile pour la mégapole et d’agir communicationnel. Pour les forces politiques, l’architecture trouve une utilité ; elle continue de remplir mais tend moins à les symboliser que de devenir un agent communicationnel majeur. Médiatiser son architecture amène une lisibilité forte sur la manière de s’inscrire dans la modernité : elle affiche une plus-value d’échange encore plus importante par l’aura de son œuvre et sa consécration mondiale. Les forces politiques métamorphosent la valeur de cette architecture, qui d’une valeur d’usage fonctionnel se transforme en valeur d’échange communicationnel.